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Groupe de musique folklorique : "Taranteana"

La force évocatrice du chant populaire, les sons sur lesquels retentissent des arrangements country et des pincements ("pizzica") salentins (le salentin est le dialecte italien parlé dans la province de Lecce, dans la province de Brindisi et dans la partie méridionale de la province de Tarente dans la région des Pouilles. Il se différencie nettement des autres dialectes parlés dans le sud de l'Italie et se rapproche davantage du sicilien et du calabrais, influencé comme eux par un substrat grec), sont au cœur du précieux travail réalisé par le groupe TARANTEANA. De jeunes passionnés de Teana, conduits par Sergio Romano, sont allés à la recherche "ethnique" de leur propre communauté en élaborant un CD musical d'une valeur populaire remarquable. “Sacc’ ‘na canzunella alla rovescia” , titre de leur album, est le témoignage d'un monde rural qui est sur le point d'être irrémédiablement remplacé par le pesant vide contemporain. Les membres de Taranteana et l’association musicale “Perfetta Letizia” (joie parfaite) ont recueilli ce qu'il restait encore du chant traditionnel Téanais, en écoutant la voix de personnes âgées et en conservant ainsi la mémoire historique du village. Et après avoir trouvé les textes de leur dialecte antique, les "Taranteana” ont alors rendu plus "moderne" le son, en allégeant le rythme - que l'on présume plus "lourd" à l'origine - et en élaborant un arrangement minutieux de percussions et instruments à vent, avec une utilisation légèrement "vivace" des instruments de la "taranta" (cf paragraphe spécifique). Ils ont également fait un excellent usage de l'harmonica, et eu l'idée d'utiliser les coups de la campagne dans l' introduction de “Il pretendente”, ce qui donne une pointe de “néorealisme folk”. Dans certains passages, on retrouve également des sonorités légèrement pop, avec quelques arpèges de guitare bien réalisés. Qui s'attent à une belle "pizzica à la salentine" voit son désir satisfait avec “Stornelli”. En tirant partie des dictons antiques de Teana a ainsi été réalisé un produit musical très agréable à écouter. Et comme dans la plus belle tradition méridionale, le travail de Taranteana se conclut avec un délicat “Ninna nanna”, qui repose de tous les tracas...

A présent, il est essentiel que cette immense passion de tant de jeunes et moins jeunes ne soit pas perdue. Même si dans le Sud de l'Italie, tout est toujours plus difficile, il y a là une obligation culturelle, sociale, morale, de procéder à une sauvegarde concrète du patrimoine historique et littéraire qu'a ainsi fait émerger “Taranteana”.  Il est nécessaire de promouvoir ce groupe artistique, en portant en avant leur expression musicale, en les aidant dans leur mission ardue de témoignage d'un passé humain meilleur, bien meilleur, que le présent si incertain.

ASSOCIAZIONE MUSICALE, TEATRALE, CULTURALE E ARTISTICA "PERFETTA LETIZIA"
Vico III° S.Sofia, 5
85032 TEANA (PZ)
- Vincenza Buglione 339 8514499
- Sergio Romano 333 63 90475             
serromano@tiscali.it
 
Pour écouter des extraits : cliquer ici (lien sur le site de TARANTEANA)

 

Le "Tarentisme" et la musique dans le Salento 

Le tarentisme ou tarentulisme est une maladie qui sévissait près de la ville de Tarente dans la région des Pouilles au sud de l'Italie, du XVe siècle au XVIIe siècle. On la croyait causée par la morsure d'une araignée et on la soignait par la musique et une danse : la tarentelle.

La tarente ou tarentule est une grosse araignée venimeuse dont la morsure a donnée l'origine du mot italien "pizzica" (pincer). Le venin, introduit dans la circulation sanguine de la victime, provoque des états de forte agitation psychomotrice suivis de violentes migraines et rigidités musculaires qui provoquent des crises d'épilepsie.
Dans le cas du "tarentisme", la personne "tarentata" n'a été piquée par aucun animal. Dans ces cas, le phénomène du tarentisme doit être interprété comme le symbole de la frustration psychique, économique, sociale et sexuelle, ou comme une crise hystérique d'un individu.

Ce n'est pas un hasard si les premières à être ainsi mordues ("pizzicate") étaient les femmes, marginales parmi les marginales. Subissant l'extase ou le tourment du venin, elles pouvaient tout se permettre, même mimer des étreintes en publique, et cela pouvait durer tant que Saint-Paul (protecteur des personnes mordues par une tarente) ne leur accordait pas sa grâce.

L'araignée, aux instincts primaires implacables, est le symbole de la Terre Mère ("Madre Terra") qui ressurgit avec la force de rites païens remontant à la nuit des temps. Le Christianisme a cherché à les réduire, en ramenant à la raison ces croyants, dans le giron de la Sainte Mère l'Église.

A l'origine, nous avons donc la terre et la tarente, le tambourin et sa musique primordiale, et un répertoire de souvenirs ancestraux que chacun de nous porte en soi et qui ressurgissent périodiquement.

Le tarentisme des Pouilles prit naissance au Moyen-Age, et se resta ancré avec intensité dans les festivités populaires et sous des rituels mythiques de formes variées, jusqu'à la fin du 17ème siècle où il commença alors à décliner.

Dans le scénario au cours duquel se déroulait le rite de la danse durant la célébration de Saint Pierre et Saint Paul, il fallait un drap ample et détendu, posé sur des couvertures qui recouvraient le sol. Dans un coin du drap se trouvait également une corbeille pour recueillir les offrandes et les images des saints.

L'instrument utilisé pour accompagner le rite de la danse est le tambourin de Lecce, qui est joué avec une technique particulière, donnant (avec la percussion) le rythme de base pour un chaos ordonné, grâce à ses grelots. Autour du drap se forme alors la ronde au milieu de laquelle, avec une technique très élémentaire, on danse la "danse de la pizzica".

Le rituel a perduré localement jusque dans les années 1950. Généralement l'ensemble de la communauté villageoise était impliquée dans le processus de guérison du "tarentullé", la plupart du temps une femme. La guérison n'était que de courte durée, car chaque année à la date de la piqûre de la tarentelle, la personne rechutait. La piqûre de tarentule était censée provoquer une profonde léthargie parfois accompagnée de chutes catatoniques. Ces troubles ne pouvaient être soignés que par une intense agitation. Cette agitation était obtenue puis canalisée par une musique et une danse effrénées, écrite dans une mesure 6/8 : la tarentelle ou "pizziche tarantate". Cette danse pouvait se prolonger pendant des heures, parfois des jours, et plusieurs instrumentistes jouaient en continu pour ne pas interrompre le flux musical. Les deux instruments majeurs étaient un tambourin pour la rythmique et un violon pour la ligne mélodique. Mais beaucoup d'autres instruments ont été utilisés : guitare, harpe, bombarde, lyre, accordéon...

C'est au XVIIe siècle qu'apparaissent les premières références écrites au tarentisme. Mais son origine remonte sans doute au culte de Dionysos : une légende déclare la danse créée par les sirènes décrites par Homère dans l'Odyssée.

Cette tradition légitimait des chorégraphies extrêmement suggestives, dans une région où les prescriptions de l'Église contre toute forme de danse étaient très sévères. La plupart du temps, la personne "tarentulée" reprenait les mouvements de l'araignée : renversée en arrière la personne marchait sur ses mains, le dos courbé et se balançait comme suspendue à sa toile.

Aujourd'hui, si son rôle thérapeutique s'est perdu, la tarentelle est encore très vivace et fait partie du patrimoine culturel de l'Italie du Sud. Hector Berlioz, Giuseppe Curci et de nombreux autres compositeurs ont écrit des tarentelles.

Il subsiste encore une forme christianisée du rituel : le 28 juin se déroule chaque année un pèlerinage des "tarentullés" à Galatina, dans la région des Pouilles. Les instruments sont remplacés par des chants, des onomatopées et des percussions des mains ou sur le mobilier de la chapelle.

On trouvait des pratiques similaires en Andalousie et en Sardaigne où le rituel est appelé "argia".